Diméthylformamide

I. Généralités

Synonymes : N,N-diméthylformamide, DMF.
Numéro CAS : 68-12-2.

Le diméthylformamide est un liquide incolore de formule :
H-CO-N(CH3)2.

Son utilisation comme solvant est très fréquente : solvant dans la fabrication des fibres acryliques, des résines, des peintures, des revêtements et des solvant d’extraction. Il est également utilisé comme intermédiaire dans la fabrication des produits pharmaceutiques.


II. Propriétés physico-chimiques

Le diméthylformamide est un liquide incolore d’odeur faiblement aminée ; il est miscible à l’eau et à de nombreux solvants organiques. Il dissout également des résines naturelles et artificielles.


III. Données cinétiques principales

Le diméthylformamide est absorbé par voie digestive, respiratoire mais principalement par voie cutanée (en milieu de travail).
Le diméthylformamide est métabolisé principalement dans le foie, la demi-vie sanguine du diméthylformamide est de 1 à 2 heures.
Les métabolites finaux retrouvés dans les urines sont le MF : N-méthylformamide + N-méthylhydroxyméthylformamide (8 à 24 %) , le F : hydroxyméthylformamide + formamide (13 %) et l’AMCC : N-acétyl-S-[N-méthylcarbamoyl]-cystéine(14 %).
A noter qu’une faible partie de diméthylformamide est éliminée sous forme inchangée dans les urines (0,5 à 1,5 %) et dans l’air expiré (2 à 28 %).


IV. Toxicité chez l’homme

Organe cible : le foie.

Toxicité aiguë

Le tableau de l’intoxication aiguë associe :
– un syndrome neurologique précoce avec céphalées, vertiges, et qui régresse rapidement à l’arrêt de l’exposition.
– un syndrome douloureux abdominal avec nausées, vomissements, anorexie, trouble du transit survenant de quelques heures à quatre jours après l’exposition.
– une hépatite cytolytique survenant 24 heures à 3 jours après l’intoxication et qui régresse en quelques jours à quelques semaines.
– un syndrome antabuse survenant à l’occasion d’une prise d’éthanol quelques heures à quelques jours après le contact avec le diméthylformamide.
Le diméthylformamide est irritant pour la peau mais lorsque le contact est prolongé, il peut entraîner des brûlures du 2e degré.

Toxicité chronique

Lors d’un contact prolongé avec le diméthylformamide on peut noter une hépatite qui témoigne généralement d’une exposition à des concentrations élevées. On peut également noter des troubles digestifs, un syndrome antabuse et une élévation des GGT. Le syndrome neurologique est rarement rapporté.
L’exposition répétée au diméthylformamide peut être responsable d’une irritation de la peau, des muqueuses oculaires et des voies respiratoires.
Une étude de cohorte a montré un excédent de décès par cardiopathies ischémiques et par maladie du tube digestif, chez les travailleurs exposés au diméthylformamide.
L’expérimentation animale montre que le DMF n’a d’effets nocifs sur la reproduction qu’à des concentrations plus fortes que celles qui sont hépatotoxiques, après exposition tant par la voie respiratoire que par la voie orale. Lors d’études récentes, on n’a observé d’effets foetoxiques et tératogènes systématiques qu’aux doses ou aux concentrations toxiques pour la mère. Il est classé en R 61.

V. Surveillance en médecine du travail

1) Évaluation de l’exposition

  • VME-VLE :
    VME = 10 ppm, soit 30 mg/m3.
  • Indices biologiques d’exposition
    Le dosage du MF (N-méthyl-N-hydroxyméthylformamide + N-monométhylformamide) dans les urines en fin de poste de travail quel que soit le jour de la semaine de travail est le reflet de l’exposition de la journée. Il y a une bonne corrélation entre les concentrations atmosphériques et les concentrations urinaires de MF.
    En France, la valeur guide utilisable du N-méthylformamide urinaire est de 40 mg/g de créatinine en fin de poste. Il est intéressant de noter que ce paramètre est spécifique, il est absent des urines des sujets non exposés. Il faut cependant tenir compte de la consommation d’alcool qui inhibe le métabolisme du DMF, ainsi que du toluène qui lui, diminue l’excrétion du MF.

2) Surveillance en médecine du travail

Rechercher à l’embauche les pathologies pouvant augmenter le risque d’intoxication par le diméthylformamide (dermatose, hépatite chronique, éthylisme).
Un bilan biologique de référence est utile : GGT et volume globulaire moyen, bilan hépatique : transaminases, phosphatases alcalines.

Lors des visites périodiques, rechercher l’existence de troubles digestifs, de signes évocateurs d’un syndrome antabuse ainsi que de signes évocateurs d’un syndrome psycho-organique débutant.
Il serait utile de surveiller sur le plan biologique la fonction hépatique (transaminases et GGT).
Avertir les femmes enceintes ou désirant procréer, du risque éventuel pour la grossesse lors d’expositions importantes au solvant.

VI. Traitement d’urgence

En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés et lavage immédiat pendant 15 mn. Si lavage tardif, surveillance de la fonction hépatique entre 48 et 72 heures.
En cas de contact oculaire, lavez les yeux immédiatement pendant 15 mn ; et consultation spécialisée si douleur, rougeur ou gène visuelle persistante.
En cas d’ingestion, ne pas faire vomir ni faire absorber du charbon actif (sauf si le sujet est parfaitement conscient).

En cas d’inhalation massive, retirer le sujet de la zone polluée après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour les intervenants.

VII. Réparation

TRG 84
TRA 48

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