I. Généralités
Synonymes : méthanol, carbinol, esprit de bois, alcool de bois.
De formule CH3OH, le méthanol se présente sous la forme d’un liquide incolore, d’odeur agréable. Il est produit par synthèse chimique, par distillation du bois. Son numéro CAS est le 67-56-1.
Il est utilisé principalement comme solvant des laques, et des vernis.
Il intervient également dans la fabrication des matières plastiques, il est également employé pour des synthèses organiques (esther, formaldéhyde).
II. Propriétés physico-chimiques
Le méthanol est miscible à l’eau et à l’alcool éthylique. C’est un bon solvant des graisses et de nombreuses matières plastiques. Dans le commerce, on le rencontre sous forme dénaturée, dans laquelle on a dissout des produits pour le rendre impropre à la consommation. Ce sont des mélanges d’alcool méthylique avec de l’acétone et de l’alcool isopropylique.
III. Données cinétiques principales
L’absorption du méthanol se fait par inhalation de vapeurs, par ingestion (substitution frauduleuse à l’alcool éthylique), et plus rarement par voie cutanée.
Le méthanol se distribue rapidement dans les tissus. Une partie est éliminée sous forme inchangée dans l’air expiré et les urines (environ 3 à 10 %).
La majeure partie est métabolisée dans l’organisme en donnant de l’aldéhyde formique (formaldéhyde: HCHO), puis de l’acide formique HCO2H.
Ces deux corps sont responsables de la toxicité du méthanol; l’oxydation du méthanol s’effectue plus lentement que celle de l’éthanol (7 fois plus lentement).
Le site principal de cette oxydation est le foie.
L’éthanol et le méthanol partagent les mêmes voies métaboliques. L’administration d’éthanol en cas d’intoxication au méthanol inhibe son métabolisme et diminue sa toxicité.
La demi-vie biologique du méthanol urinaire est d’environ une à deux heures.
IV. Toxicité
Organes cibles : Nerf optique, Système nerveux central.
Toxicité aiguë
L’intoxication peut se faire par ingestion, inhalation ou par passage percutané :
– Intoxication par ingestion :
L’ingestion de 30 à 100 ml de méthanol, sans traitement, peut être mortelle. Après un temps de latence de quelques heures à quelques jours, on voit apparaître :
– des troubles digestifs (nausées, douleurs épigastriques, vomissements),
– des troubles neuropsychiques (céphalées, ébriété, vertiges, asthénie, somnolence, délire aboutissant au coma avec quelquefois des convulsions)
– des troubles oculaires : névrite rétrobulbaire +++, par ailleurs, on peut avoir des troubles à type de mydriase, abolition du réflexe à la lumière, réduction de l’acuité visuelle conduisant à la cécité.
– des troubles hémodynamiques (à type d’hypotension)
– des troubles métaboliques (à type d’acidose : acétonurie et accumulation d’acide lactique).
– Intoxication par inhalation :
L’intoxication aiguë par inhalation est rare. Cependant, il est décrit des troubles à type d’irritation des muqueuses respiratoires, de la peau et des yeux, ainsi que des troubles neurologiques à type de céphalées, asthénie, vertiges. Des troubles de la vision ont été rapportés.
Toxicité chronique
L’exposition chronique aux vapeurs de méthanol provoque une vision trouble, des vertiges, des céphalées, des nausées. Le contact répété ou prolongé avec le liquide peut donner des signes d’irritation cutanée.
V. Surveillance en médecine du travail
1) Évaluation de l’exposition
- VLE-VME :
VME = 200 ppm, soit 260 mg/m3
VLE = 1 000 ppm, soit 1300 mg/m3. - Biométrologie :
Il semble qu’il existe une bonne corrélation entre le méthanol urinaire recueilli à la fin d’une période d’exposition et l’intensité de l’exposition. On peut estimer que chez les sujets exposés à 200 ppm, à des vapeurs de méthanol pendant 8 heures, on peut trouver 5 à 10 mg/l de méthanol urinaire. - Indices biologiques d’exposition (Valeurs guides utilisables en France) :
méthanol urinaire : 15 mg/l fin de poste
2) Surveillance médicale
Eviter d’exposer les sujets présentant une atteinte fonctionnelle hépatique sérieuse, due notamment à un éthylisme.
Surveiller les sujets atteints d’affection oculaire ou du système nerveux central.
Lors des visites ultérieures de surveillance, pratiquer un examen clinique à la recherche d’une éventuelle atteinte neurologique, oculaire ou hépatique ainsi que des signes d’irritation cutanée. Cet examen pourra être complété par des tests hépatiques.
VI. Protocole d’urgence
Le traitement d’urgence comprend :
1 – Lavage gastrique en cas d’ingestion (décontamination)
2 -Traitement spécifique : antidotes du méthanol
a) Blocage de l’oxydation de l’alcool déshydrogénase du méthanol :
– perfusion intraveineuse de 10 à 15 ml d’éthanol par heure avec une dose de charge de 0,6 g/kg, ce qui induit une éthanolémie autour de 1 g/l
– administration de 4-méthylpyrazole à la dose de 15 mg/kg d’emblée puis 5 mg/kg 12 heures plus tard.
b) hémodialyse :
Certains auteurs recommandent une hémodialyse quand une de ses conditions est remplie :
– méthanol sanguin supérieur à 0,5 g/l,
– acidose métabolique
– troubles mentaux ou visuels
– ingestion d’une quantité supérieure à 30 ml de méthanol.
3 -Traitement symptomatique :
Si acidose –> administration de bicarbonate de sodium en intraveineux.
4 – Maintien des fonctions vitales en cas de défaillance, avec réanimation cardiorespiratoire : lutte contre l’hypotension et ventilation assistée pour favoriser l’élimination du méthanol.
VII. Réparation
TRG 84
TRA 48