Trichloroéthylène

I. Généralités

Le trichloréthylène, de formule CHCl=CCl2, est un dérivé chloré insaturé des hydrocarbures aliphatiques dont le numéro CAS est le 79-01-6.

Le trichloréthylène est utilisé dans le dégraissage et nettoyage des pièces métalliques ; dans le dégraissage industriel de fibres textiles ; dans l’extraction des huiles et des graisses, …


II. Propriétés physico-chimiques

Le trichloréthylène est un liquide incolore, volatil, ayant une odeur qui rappelle celle du chloroforme. Il est pratiquement insoluble dans l’eau, mais miscible à la plupart des solvants organiques.
Des additifs tels que amines, époxydes sont utilisés en petite quantité (souvent moins de 1 %) pour stabiliser le trichloréthylène commercial.
Le trichloréthylène peut engendrer du phosgène lors de sa pyrolyse.


III. Données cinétiques principales


La pénétration du trichloréthylène se fait essentiellement par voie respiratoire en milieu industriel. Elle se fait accessoirement par voie cutanée principalement sous forme liquide, et exceptionnellement par voie digestive (accidentelle).
70 % du trichloréthylène est éliminé sous forme inchangée dans l’air expiré.
70 à 80 % du trichloréthylène qui n’est pas exhalé est métabolisé en hydrate de chloral, par l’intermédiaire d’un dérivé époxydé, lui-même converti en acide trichloracétique (TCA) et trichloréthanol (TCE).


IV. Toxicité

Organes cibles : système nerveux central, cœur.

Toxicité aiguë

L’intoxication aiguë résulte de l’inhalation forte de concentrations de vapeurs ou de l’ingestion accidentelle ou volontaire de trichloréthylène liquide.
La symptomatologie comporte :
– des signes neuropsychiques
– légers : ébriété, excitation, étourdissement ou engourdissement
– plus marqués : somnolence, obnubilation
– graves : coma, narcose
– des signes cardiaques
Ils sont à type d’hyperexcitabilité myocardique pouvant engendrer une fibrillation ventriculaire (survenue possible jusqu’à 10 jours après l’intoxication aiguë).
– des signes digestifs
Ce sont des nausées, des vomissements, de la diarrhée, ainsi que des hémorragies digestives. Les vomissements sont responsables de lésions d’irritation buccale et péribuccale en raison de l’action caustique du trichloréthylène.
– autres manifestations (plus rares)
– pulmonaire : syndrome de détresse respiratoire aigu en cas de vomissements intrabronchiques.

Toxicité chronique

Lors de l’exposition chronique au trichloréthylène, les manifestations signalées sont d’ordre neurologique surtout.
– Il est signalé des atteintes neuropsychiques à type de vertiges, céphalées, modification de l’humeur, irritabilité, anxiété, troubles du sommeil et troubles de la mémoire, ainsi que des atteintes des nerfs périphériques : multinévrite au niveau des nerfs crâniens, névrite du trijumeau (analgésique et bilatérale) et névrite optique.
– A signaler également une hyper excitabilité myocardique.
– Comme de nombreux solvants, le trichloréthylène est susceptible de provoquer des dermatoses d’irritation.
– Des hépatites immunoallergiques ont été décrites.
Le trichloréthylène traverse la barrière foétoplacentaire et a par ailleurs un effet abortif.

Cancérogénicité.

Le trichloréthylène est classé dans le groupe IIA : cancérogène probable (IARC) et dans le groupe 2 : cancérogène possible (classification européenne).


V. Surveillance en médecine du travail

1) Évaluation de l’exposition

  • VLE-VME :
    VME = 75 ppm, soit 405 mg/m3
    VLE = 200 ppm, soit 1080 mg/m3.
  • Biométrologie :
    Valeurs guides utilisables en France :
    – le trichloréthanol sanguin ( TCE ) : 4 mg/l ( en fin de poste et fin de semaine).
    – TCA urinaire : 100 mg/g c (fin de semaine)
    – TCA + TCE urinaires : 300 mg/g c (en fin de poste et fin de semaine).
    Le dosage simultané de TCA et TCE constitue le meilleur reflet de l’exposition au trichloréthylène métabolisé. En effet l’excrétion du trichloréthanol urinaire est le reflet d’une exposition récente (demi-vie TCE : 10 à 15 heures) alors que l’excrétion du TCA (acide trichloracétique) est le reflet de l’exposition des jours précédents (demi-vie TCA : 70 à 100 heures).

2) Surveillance médicale

Surveillance médicale spéciale
L’examen systématique sera soigneux à la recherche de troubles neuropsychiques (irritabilité, troubles mnésiques…) et de troubles cutanés.
On recherchera une prise médicamenteuse ou une intoxication éthylique pouvant potentialiser les effets du trichloéthylène.


VI. CAT en cas d’intoxication aiguë

Le traitement est symptomatique.

En cas de projection oculaire ou cutanée, un lavage abondant pendant au moins 15 minutes de la zone projetée est préconisé.

En cas d’ingestion importante, un lavage gastrique ou une aspiration après intubation trachéale est pratiqué si le patient est inconscient, sinon du charbon actif est administré. Par la suite, un traitement symptomatique des troubles est réalisé en milieu spécialisé.

En cas d’inhalation, il faut éloigner le sujet de la zone polluée avant d’envisager toute prise en charge.

Un monitoring cardiaque et des Bétabloquants peuvent être indiqués pour le traitement de l’hyperexcitabilité myocardique.

Il faut être particulièrement prudent quant à l’exposition des personnes présentant une dermatose chronique, une atteinte hépatique chronique, des troubles cardiovasculaires, neurologiques, un éthylisme chronique ou une maladie psychiatrique.

VII. Réparation

TRG 12

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