Xylènes

I. Généralités

Le xylène, de formule C6H4-(CH3)2 et de n°CAS : 1330-20-7 est un mélange, à des pourcentages variables, des trois isomères suivants :
. le 1,2-diméthylbenzène ou ortho-xylène (o-xylène, n°CAS : 95-47-6)
. le 1,3-diméthylbenzène ou méta-xylène (m- xylène, n°CAS :108-38-3)
. le 1,4-diméthylbenzène ou para-xylène (p-xylène, n°CAS : 106-42-3)

Les xylènes sont très employés comme solvants dans l’industrie des peintures, colles et encres d’imprimerie, comme intermédiaires de synthèse dans l’industrie de caoutchouc et de produits pharmaceutiques, enfin dans la composition de très nombreuses coupes de distillation du pétrole.

II. Propriétés physico-chimiques

Les xylènes sont des liquides incolores, d’odeur agréable, insolubles dans l’eau mais miscibles dans les solvants organiques.
En outre, ce sont de bons solvants des graisses, des cires et des résines….
Les xylènes sont stables dans les conditions normales d’emploi, cependant ils réagissent à de nombreux composés et constituent des matières premières en synthèse organique.


III. Données cinétiques principales

Les xylènes sont essentiellement absorbés par voie respiratoire (65% de la quantité inhalée est absorbée), mais aussi par voie cutanée, exceptionnellement (ingestion accidentelle) par voie digestive.
Ils se distribuent rapidement dans les tissus riches en graisses. Les xylènes sont métabolisés pour 95 % dans le foie (monooxygénases à cytochromes P450) et transformés en acides méthylbenzoïques puis en acides méthylhippuriques.
Les xylènes sont aussi partiellement oxydés sur le cycle en xylénols. 90 à 95 % des xylènes absorbés sont éliminés dans les urines sous forme d’acide méthylhippurique. La demi-vie d’élimination des xylènes est de 20 à 30 heures.
De nombreux produits interfèrent avec le métabolisme des xylènes : l’alcool, l’éthylbenzène, le 1,1,1-trichloréthylène ainsi que des médicaments inducteurs enzymatiques, l’aspirine…


IV. Toxicité

Toxicité aiguë
Comme tous les hydrocarbures pétroliers liquides distillant au-dessous de 300°C, les xylènes sont irritants et dépresseurs du SNC. Lorsqu’ils sont ingérés, ils produisent un syndrome abdominal aigu et une pneumopathie d’inhalation.

Toxicité chronique
– Les xylènes n’entraînent en général pas d’effets spécifiques les distinguant des autres hydrocarbures pétroliers distillant au dessous de 300°C.
– Les xylènes entraînent des dermites d’irritation chronique (peau sèche et squameuse).
– Plusieurs études ont rapporté une fréquence particulièrement élevée de néphropathies tubulaire et glomérulaire, ainsi que des troubles digestifs mineurs (anorexie, nausées, diarrhées) chez les salariés exposés aux xylènes.
– Expérimentalement, les xylènes, à fortes doses, sont foetotoxiques et tératogènes chez le rat. Les données toxicologiques actuelles ne permettent pas d’évaluer leur cancérogénicité. Ils ne sont pas hémato-toxiques.


V. Surveillance en médecine du travail

1) Évaluation de l’exposition

  • VLE-VME :
    VME = 100 ppm soit 435 mg/m3
    VLE = 150 ppm soit 650 mg/m3.
  • Biométrologie :
    – Le dosage de l’acide méthyl-hippurique urinaire est bien corrélé avec l’exposition atmosphérique aux xylènes. Assez spécifique, il est en revanche faussé par de nombreux xénobiotiques, susceptibles d’interférer avec le métabolisme des xylènes. Ce dosage se fait en fin de poste (ou au mieux pendant les 4-8 dernières heures d’exposition). Il témoigne de l’exposition du jour même, bien corrélé avec l’intensité de l’exposition
    – le dosage des xylènes sanguins (2 heures après la fin de l’exposition) est spécifique mais soumis à de grandes variations individuelles
    – le dosage des xylènes urinaires a l’avantage de ne pas être influencé par l’exposition à l’alcool. Une exposition à la VME (100 ppm) entraînerait une élimination urinaire de 170µg/l de xylènes.
  • Indices biologiques d’exposition :
    – Acides méthyl-hippuriques urinaires (ACGIH et France) : 1,5 g/g de créatinine (fin de poste)
    – Le dosage du xylène sanguin (ACGIH) : 2 h après la fin de l’exposition serait un bon reflet de l’exposition moyenne, il n’est cependant pas couramment utilisé car variations individuelles.
    – Xylènes sanguins (BAT) : 1,5 mg/l (fin de poste)

2) Surveillance médicale
A l’embauche, l’examen clinique sera soigneux et recherchera une atteinte cutanée ou une atteinte neurologique.
La même démarche sera suivie lors des examens périodiques avec une recherche des signes évoquant un psycho-syndrome organique débutant.
Il est inutile de pratiquer une NFS de contrôle chez les salariés exposés aux xylènes.

VI. Conduite à tenir en cas d’intoxication aiguë
Traitement symptomatique (cf. hexane).

VII. Réparation

TRG 4 bis et 84
TRA 19 bis et 48

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