Toluène (Methylbenzène)

I. Généralités

Le toluène est un hydrocarbure aromatique monocyclique de formule :

C6H5-CH3

Son n° CAS est : 108-88-3
Le toluène est utilisé comme solvant dans l’industrie pharmaceutique, dans les peintures, les vernis, les colles et dans les encres d’imprimerie…
Il est également utilisé comme matière première dans la fabrication du benzène, du chlorure de benzyle, de l’acide benzoïque…


II. Propriétés physico-chimiques

Le toluène est un liquide incolore, d’odeur agréable (perceptible dès 2,9 ppm) et fortement inflammable.
Il est insoluble dans l’eau mais miscible dans la plupart des solvants organiques. C’est un bon solvant des graisses, des cires et des résines.
C’est un produit stable dans les conditions normales d’utilisation mais qui peut réagir vivement avec les agents fortement oxydants.


III. Données cinétiques principales

Le toluène pénètre dans l’organisme par voie respiratoire (sous forme de vapeur) mais également par voie cutanée pour la forme liquide.
20 % du toluène inhalé est éliminé dans l’air expiré sous forme inchangée, alors que 80 % du produit est métabolisé dans le foie (cytochrome P 450). La voie métabolique principale aboutit à la formation d’acide benzoïque, principalement métabolisé en acide hippurique et partiellement en ortho et paracrésols.
Le toluène se distribue de préférence dans les tissus riches en graisses où il s’accumule. Sa demi-vie sanguine est de 4 heures.
L’élimination est surtout rénale. En effet 60 à 70 % du toluène est excrété sous forme d’acide hippurique avec une demi-vie d’élimination de 7-8 heures. Le dosage d’acide hippurique urinaire est le principal indicateur biologique d’exposition au toluène.


IV. Toxicité

Organe cible : système nerveux central

Toxicité aiguë
Comme tous les hydrocarbures pétroliers distillant au-dessous de 300°C, le toluène est irritant et dépresseur du système nerveux central.
L’intoxication aiguë par le toluène entraîne la survenue d’un syndrome narcotique, de paresthésies et d’un état confusionnel.
L’ingestion de toluène provoque des troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs buccopharyngées et épigastriques), des troubles neurologiques (ébriété, coma convulsif) ainsi qu’une pneumopathie d’inhalation.
Les atteintes cutanées ou oculaires de type irritatif peuvent être très importantes si le contact avec le produit est prolongé.
Des troubles paroxystiques de l’excitabilité ventriculaire et des infarctus du myocarde ont été observés chez les « sniffeurs » de ce solvant.
Des cas de rhabdomyolyse ont également été rapportés dans les complications de coma et/ou hypokaliémie survenant chez ces toxicomanes.

Toxicité chronique
L’exposition chronique au toluène peut donner :
– des dermatoses d’irritation (fréquentes).
– un syndrome psycho-organique allant de plaintes fonctionnelles aspécifiques (asthénie, céphalées, troubles mnésiques et de concentration, insomnie) à des troubles cognitifs sévères, des altérations de l’humeur et de la personnalité s’aggravant progressivement.
Des altérations précoces de la vision des couleurs, des tests psycho-métriques, de l’EEG et des potentiels évoqués permettent d’objectiver l’atteinte somatique. Ce n’est qu’à un stade tardif que l’imagerie montre une atrophie cérébrale et cérébelleuse.
– des cas d’hypoacousie et de neuropathie optique ont été observés chez des sniffers, mais l’imputation au toluène est délicate compte tenu de la poly-exposition de ces malades.
– plusieurs cas de cardiomyopathies non obstructives ont été rapportés à l’exposition massive au toluène. Dans quelques cas la pathologie cardiaque a régressé à l’arrêt de l’exposition.
– l’exposition répétée au toluène peut induire une stéatose hépatique, une tubulopathie distale+/- proximale.
– le toluène n’a pas de toxicité hématologique.
– expérimentalement, l’exposition à de fortes doses de toluène est foetotoxique et tératogène chez le rat.

V. Surveillance en médecine du travail

1) Évaluation de l’exposition
– VME à 100 ppm, soit 375 mg/m3
– VLE à 150 ppm, soit 550 mg/m3

– Biométrologie :

  • Acide hippurique urinaire : dosage très intéressant pour apprécier l’exposition d’un groupe de travailleurs. Les urines sont recueillies pendant les 4 dernières heures au poste de travail. Il présente cependant des inconvénients : peu spécifique (de nombreux médicaments et aliments contiennent des benzoates qui sont également transformés en acide hippurique), peu sensible pour les faibles expositions au toluène (si<50 ppm), variations individuelles.
    Valeur guide : pour une exposition à 100 ppm, pendant 8 heures ? 2,5 g d’acide hippurique/g de créatinine.
  • Toluène sanguin : les concentrations de toluène sanguin doivent être réalisées en fin de poste ou au début du poste suivant. Elles sont bien corrélées aux taux d’acide hippurique urinaire et aux concentrations atmosphériques. Le dosage du toluène sanguin est utile pour la surveillance des salariés exposés mais n’est pas de pratique courante (tabac++).
    Valeur guide: toluène sanguin = 1 mg/l en fin de poste.
  • Orthocrésol urinaire : indicateur plus spécifique que l’acide hippurique. Cependant les variations internes et individuelles et le manque de données publiées ne permettent pas de proposer de valeur guide. Il est le reflet de l’exposition du jour même et est bien corrélé à l’intensité de l’exposition.


2) Surveillance médicale

Surveillance médicale à l’embauche et aux examens périodiques : un examen soigneux de la peau et la recherche d’un syndrome psycho-organique débutant .
Le monitorage biologique, visant à évaluer l’exposition peut être utile dans certains cas.

VI. Conduite à tenir en cas d’urgence

Lavage prolongé à grande eau (15 min) des régions contaminées.
Traitement symptomatique.

VII. Réparation

TRG 4 bis et 84
TRA 19 bis et 48

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