Prévention de la surdité professionnelle (article destiné aux médecins du travail et étudiants en médecine du travail)

La mise en œuvre d’une véritable politique de prévention du bruit pour les salariés implique une action conjuguée de toutes les personnes qui, à l’intérieur de l’entreprise, sont concernées (6). Le cadre juridique dans lequel cette action est menée est défini par la réglementation en vigueur (Décret n° 88-405 du 21 avril 1988 relatif à la protection des travailleurs contre le bruit)

L’employeur est tenu de réduire le bruit au niveau le plus bas raisonnablement possible, compte tenu des techniques.
L’estimation et, si besoin, le mesurage de l’exposition au bruit doivent être faits par l’employeur de façon à identifier les travailleurs pour lesquels le niveau d’exposition sonore quotidienne atteint ou dépasse le niveau de 85 dB(A) ou pour lesquels la pression acoustique de crête atteint ou dépasse 135 dB.


Métrologie

La mesure du bruit est indispensable sur les lieux de travail pour apprécier l’exposition des salariés à cette nuisance. Le matériel de mesure doit donc être adapté aux caractéristiques du bruit et du poste de travail.
Il s’agit donc d’établir une cartographie du bruit. Celle-ci consiste à repérer les différents niveaux sonores susceptibles d’exister dans un même atelier, afin d’identifier les postes à risques et de surveiller les salariés exposés. Ce document sera mis à jour lors des modifications des installations ou des modes de travail ou sur proposition du médecin du travail  » conseiller technique  » de l’employeur, qui pourra en outre répéter les mesures et suivre le  » parcours quotidien  » de salariés non exposés de façon permanente au bruit. Ce point est essentiel pour définir le type d’action à mener.

En pratique, la mesure des niveaux de bruit s’effectue par l’intermédiaire d’un microphone relié à un sonomètre. Les relevés s’effectuent à proximité des oreilles de l’opérateur et / ou sur l’oreille subissant le niveau le plus élevé de bruit. Ces relevés sonores doivent être représentatifs de l’exposition quotidienne.

o Si l’exposition sonore quotidienne est > ou = à 85 dB(A), de nouveaux contrôles de bruit devront être pratiqués tous les 3 ans. Des protecteurs d’oreilles doivent être mis à la disposition des travailleurs exposés.
o Si l’exposition sonore quotidienne est > ou =90 dB(A), l’employeur prend toutes les dispositions pour que les protecteurs soient utilisés.
Les protecteurs utilisés doivent garantir une exposition sonore quotidienne résiduelle inférieure à 85 dB(A).


Sonomètres et dosimètres : ces appareils mesurent la pression acoustique recueillie sur la membrane d’un microphone. Le signal est transmis à un amplificateur, puis éventuellement à un élément pondérateur, tel qu’un filtre A, puis ensuite sur un écran pour affichage numérique.
Les sonomètres servent à apprécier l’exposition sonore de façon statique, atelier par atelier, afin de déterminer les sources majeures de bruit. Ils permettent l’établissement de cartographies sonores et la mesure du Leq (niveau équivalent, qui prend en compte des variations de niveaux très brèves, type coup de marteau, et les incluent dans le bilan énergétique). Différents modèles existent, permettant différents types d’enregistrement (rapides, lents, bruits impulsionnels).
Les dosimètres sont des appareils qui permettent une étude dynamique de l’exposition réelle d’un salarié tout au long de son poste de travail. Ils indiquent la dose de bruit totale à laquelle a été soumis le sujet pendant son travail. Portés à la ceinture ou dans une poche avec le micro fixé près de l’oreille (moins de 40 cm de distance), ils suivent le salarié dans tous ses mouvements. Ils indiquent :
o le Leq ou niveau sonore continu équivalent en dB(A) au poste de travail,
o le Lpc ou niveau instantané de pression de crête.
Ils permettent donc une estimation globale de la nuisance sonore subie par le salarié.

Pour bien réussir la démarche de prévention vis-à-vis du bruit, il est essentiel d’obtenir l’adhésion de tous :
o bonne participation du personnel concerné (hiérarchie et opérateurs)
o que chacun ait compris l’intérêt des mesures
o ne pas se contenter d’une seule mesure,
o effectuer les mesures sur la durée réelle au poste de travail.
Les résultats des mesurages sont enregistrés sur terminal informatique à chaque fin de période de travail. Ces résultats sont accompagnés d’une fiche de relevés des évènements survenus au cours de cette même période de mesurage.


Prévention technique collective

Elle doit toujours être privilégiée par rapport à la protection individuelle.
Les moyens techniques d’action pour la correction acoustique sont multiples.

Moyens techniques de prévention contre le bruit
o Réduction du bruit à la source (concevoir et acquérir les machines les moins bruyantes)
o Isoler la source sonore (encoffrement) Le niveau sonore en un point donné de l’espace ne dépend pas uniquement de la localisation et des caractéristiques de la source du bruit, mais aussi de la nature et de la disposition des éléments du décor, pouvant entraîner des phénomènes d’absorption, de réverbération et de résonance.
o Ecran acoustique (réduit la propagation du son.)
o Traitement acoustique des locaux (consiste à diminuer la réflexion des ondes sonores sur les murs, plafonds et planchers par exemple grâce à des matériaux absorbants pour les parois)
o Acoustique prévisionnelle (avant de modifier l’installation des machines)
o Limiter le temps d’exposition

Prévention technique individuelle

Casques anti-bruit actifs ou passifs, bouchons d’oreilles

Pour des raisons tenant à la fois à la physiologie de l’audition et au comportement du sujet vis-à-vis de ce type de protection, le recours aux protecteurs individuels ne devrait être envisagé que comme solution d’attente de caractère temporaire ou, à la rigueur, comme dernière solution possible pour parfaire des mesures de protection collective, lorsque celles-ci s’avèrent insuffisantes ou incomplètement réalisables.

Protecteurs auditifs individuels

La gamme des produits proposés sur le marché est très large. Le laboratoire de l’INRS procède à des tests destinés à en vérifier l’efficacité et les conditions particulières d’utilisation. L’étanchéité n’est pas le seul critère de choix de protecteurs individuels contre le bruit. Il convient de prendre également en compte le confort (poids, pression de serrage…), le type de poste occupé (poste de sécurité…).


Information et formation des salariés

L’employeur doit informer les salariés concernant les risques encourus, les moyens de prévention et la nécessité de se conformer aux mesures de protection prévues dans l’entreprise et à la surveillance médicale.
Il doit également former les salariés sur les modalités d’utilisation des protecteurs auditifs (mise en place, entretien…).

Retour au chapitre surdité professionnelle

Partagez cet article

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.